Réduire les inégalités sociales de la migration sud/sud par la migration sud/sud en s’intéressant aux questions liées aux enfants (Wp2), aux revenus (Wp3), aux Flux et transferts de ressources (Wp6) entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, tel le thème de ces deux (02) rencontres de dissémination des résultats de la recherche qui ont eu lieu les 25 Février et 25 Mars 2022.
Lors de ces échanges de dissémination de données, l’Institut pour la bonne gouvernance, le développement et la prospective (IGDP), ancrage institutionnel du projet MIDEQ, a donné l’occasion aux acteurs des structures étatiques régionales en charge de la réduction des inégalités sociales, aux acteurs des collectivités territoriales (Mairies et conseils régionaux), aux acteurs de la société civile (les ONG et associations), à la communauté scientifique (universités et centres de recherches) et aux communautés de connaitre les résultats de la recherche, contribuer à l’enrichissement et à l’amélioration des rapports, proposer des pistes et des perspectives de changement durable en matière de migration Sud/sud entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso pour réduire les inégalités et proposer des activités de mise en œuvre envisageables qui contribueront à la réduction des inégalités entre les migrants burkinabés et les ivoiriens.
Porter un regard sur la migration sud-sud et les inégalités en Côte d’Ivoire à travers les échanges avec les acteurs de développement permet non seulement de comprendre les caractéristiques propres à celles-ci, mais c’est de plus un exemple particulièrement révélateur des problèmes structurels communs que soulève les questions de travail des enfants (Wp2 : inégalités liées à l’enfance), de pauvreté́ et revenus (Wp3 : inégalités de revenus) et de flux et transferts de ressources (Wp6 : flux et ressources). Cela permettra un changement de comportement dans les discours et narratifs au sujet des migrants et de la migration mais aussi et surtout une amélioration de leurs rapports aux communautés ivoiriennes y compris de leurs conditions de vie.
Les résultats clés de la recherche prospective qui a été réalisée à Abidjan, Soubré, Méagui, Aboisso, Hiré, Daloa, Boundiali, Korhogo ont montré que d’un point de vue statistique, la Côte d’Ivoire a été le premier choix de destination de migration pour la quasi-totalité (94%) des immigrants burkinabè enquêtés. L’étude démontrent que la quête financière (80%) est la raison la plus partagée par les migrants pour justifier leur décision de migrer et cela est renforcé par l’implication des proches dans la décision de migrer à 47%.
47% des immigrés Burkinabè n’ont aucun niveau d’instruction et 33% des immigrants sont des travailleurs indépendant ou propriétaires d’entreprise. Selon la répartition des immigrés Burkinabé par type de contrat de travail, la plupart des répondants ont indiqué qu’ils ne bénéficient d’aucun contrat de travail (45,5%) contre 27,8% qui travaillent sous un contrat verbal et seulement 8,5% qui possèdent un contrat de travail écrit.
Les inégalités de revenus
D’un point de vue qualitatif, les guides d’entretien de groupes (focus group) et individuels sur les relations entre migration, développement et inégalités sociales ont été révélés que les inégalités de revenus résident dans une exclusion sociale de l’accès aux ressources foncières et les inégalités d’opportunité sont le fruit de disqualification par l’âge et le courage comme variables de la migration. Les inégalités de droits rattachées à la citoyenneté dans le corridor Burkina Faso- Côte d’Ivoire cela fait référence à la construction de l’apatridie, à la construction sociale du concept d’étranger, à la libre circulation des biens et personnes, aux mécanismes d’arbitrage dans le règlement des conflits et de l’accès à la terre, aux conflits agropastoraux dans le nord de la Cote d’Ivoire, certificat de résidence et exactions policières, conflits miniers.
Les inégalités de l'enfance
Les inégalités de l’enfance restent dominées par les perceptions différenciées des mécanismes de lutte contre le travail des enfants oscillent entre protection holistique des enfants contre les vulnérabilités graves et fragilisation des modes communautaires de socialisation et de survive des enfants. Ainsi ces mécanismes montrent une approche conceptuelle de « travail des enfants » ; « enfants-travailleur », « enfant-migrant », la relation de compétition entre les ONG dans la lutte contre la traite et le travail des enfants, les rapports de méfiances entre centre social et communautés burkinabé. La négociation sociale devient comme une pratique explicative de la persistance travail des enfants. Contrats marchands tacites (exploitants agricoles/parents restés au BF ; captation rente). Faible niveau de contractualisation (enfants/employeurs ; travail socialisant). Règlement amiable (structures de PS, agents communautaires /parents). Arrangement amiable (autorités judiciaires et parents).
Les transferts des fonds
Les résultats de l’enquête indiquent que les transferts des fonds permettent de répondre aux préoccupations du migrant dans sa zone d’origine à deux niveaux : d’abord par la participation aux cérémonies et en réponse aux événements qui surviennent au sein de la communauté, les ressources provenant des transferts de fonds sont rapatriées de manières ponctuelles à la communauté résidente en zone d’origine pour répondre aux principes de la solidarité. Ensuite de manière plus accentuée les transferts de fond viennent en réponse aux besoins liés aux conditions de vie dans le sens d’une amélioration. Les apports, les aides et soutiens familiaux sont importants en ce sens qu’ils participent à maintenir les liens familiaux de solidarité. La renonciation à ces aides peut être considéré comme un obstacle à la solidarité et aux liens identitaires. Cependant des inégalités se créent lorsque certains membres de la parentèle estiment qu’ils ont le droit d’en bénéficier et qu’ils en sont exclus notamment lors de la distribution des ressources financières et du partage des biens. Ainsi, deux logiques sont identifiées : d’un côté le migrant se déclinant d’une obligation morale de redevabilité envers les siens et de l’autre, le migrant qui doit toute sa réussite au groupe d’appartenance.
En définitive, ces différents ateliers ont été enrichissante de par l’effectif des participants et de par la qualité des interventions. La majorité des participants ont reconnu la pertinence de cette recherche et salué l’audace du MIDEQ de toucher les problèmes épineux, considéré comme des tabous et instruments politiques en Côte d’Ivoire qui fabriquent des frustrations et des conflits récurrents. Cela est d’autant plus important que l’ensemble des participants a suggéré une perpétuation de ce centre de recherche de manière à continuer de produire des données exploitables par les décideurs et acteurs de développement. S’intéresser à la migration sud/sud en Côte d’Ivoire, corrobore les objectifs du Ministère du plan et du développement dans son l’implication à l’atteinte des ODD en se fixant comme objectifs d’éradication de la pauvreté́ sous toutes ses formes, de promotion de travaux décents, de la croissance durable ainsi que la réduction des inégalités en lien avec l’accès des enfants et des femmes à l’éducation.